Les
esprits de la forêt, Films vidéo (extraits) en
collaboration avec Fred SOUPA, dans le cadre d'un projet avec un collège
de Seine Saint-Denis
Jusqu’ici
nous n’étions inquiets que pour nous-mêmes. Il nous faut
maintenant nous décentrer et nous mettre à la place de ces «
autres » êtres vivants qui ne nous ressemblent pas.
Notre modernisme s’est construit sur une discontinuité entre
l’homme et la nature. Les cultures antérieures à l’anthropocène,
que nous avons rejetées en dehors de notre monde moderne, nous les
avons souvent qualifiées de totémiques, « manière
de nommer un rapport fusionnel à la nature, à l'opposé
du cartésianisme qui dissocie nature et culture ». (Claude Lévi-Strauss
- Le Totémisme aujourd'hui, 1962). Aujourd'hui les recherches en éthologie
nous ont fait découvrir la sensibilité du monde animal et, de
plus en plus, nous prenons conscience de notre symbiose avec
l’ensemble
du monde vivant et notamment avec le monde végétal que nous
avions pris l’habitude d’exploiter largement au mépris
de sa survie. Un retour à une attitude respectueuse s’impose.
Une dose de totémisme dans notre rapport au vivant serait
peut-être le commencement d’un changement positif, car «
si le totémisme n’est pas de l’idolâtrie, il implique
néanmoins que l'homme traite une espèce, même végétale,
avec déférence », ne faisant plus qu’un avec son
totem. (Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion).
Dans ce projet, je cherche à retrouver ces arbres-totems, que nous
avons perdus pour nous replacer non pas au centre mais dans le monde